9 avril 2007

LA GOUTTE QUI FAIT DEBORDER LE VASE !

"Entre nous soit dit"

07.11.2006
LA GOUTTE QUI FAIT DÉBORDER LE VASE
En tombant au fond du vase de l'antiquité,
je plonge dans une goutte de vague à l'âme venimeux.
Une pluie de confiture me colle soudain aux parois d'eau bénite
aussi gluante que le Soissons!
La sueur ruissèle en commémoration aux cendres de mes ancètres
dont le parfum souffle ses exhalaisons.
Un soupçon de tristesse m'effleure
en entendant au loin les bris de vase au pilon fatal!
Comment la dernière goutte d'alcool
n'a-t-elle point noyé le poisson du Soissons?
Que n'ai-je versé les larmes du vase de cérémonie?
De Cléopatre à Scipion,
toutes ces saisons de fonte des neiges n'ont-elles point encore fini de râcler
le fond du vase de mes nuits?
Vase de terre ou vase de Vasarelli,
perdu entre le vin , le sang et l'eau
à la recherche de la goutte suprême.
Je erre dans la valeur vide d'un vase d'opaline...
Le vague à l'âme et le comérage,
en gouttes se valent bien!
Surtout si on les mélange dans un vase de souvenirs
où les chagrins et les larmes se mélangent aussi.
C'est ainsi qu'un beau jour,
pendant que les foudres du ciel se répendaient sur nos têtes,
la porcelaine d'un de nos plus beaux vases se mit à briller doucement...
En observant minutieusement la matière laiteuse,
d'une fine ligne,
nous vîmes apparaître une toute petite goutte d'un liquide rouge vif.
Nous restions hypnotisés par le phénomène
alors que la maison tremblait sous des assauts répétés.
Curieusement, le filet rouge obliqua sur la paroi du vase
que l'on croyait vide.
Des vapeurs d'amertume enveloppèrent soudain nos corps las.
Le souvenir de la vieille aïeule apparu simultanément dans nos têtes creuses.
Marceline poussa un long soupir sorti du fond des âges.
Sylvain prononça quelques mots innaudibles dans un long chuchotement.
Nos oreilles se fermèrent alors.
C'était comme si nous étions ensemble dans le même vase!
Une goutte de valeur vide
dans un vase de sans-souci...
Sans rancune pour l'amertume
d'une coulée de sueur sur le coeur...
Le parfum exhalant d'un vase pourtant ébrêché
ferait-il revenir la petite Madeleine de la grand'tante du Proust?
Si tous les vases retrouvés au fond des océans nous livraient
les secrets de toutes les histoires,
comment une goutte de sang de comérage pourrait encore suinter?
Comment pourrions-nous encore goûter les larmes des regrets
au fond des vases d'amertume?
Tous ces mots si beaux
ne peuvent-ils aussi remplir une coupe d'opaline?
Toutes ces rancunes
n'ont-elles pas leurs lieux de célébration
au fond d'une urne, où, chaque fois
les mots goutte à goutte viennent s'amonceler?
Et, n'est-ce pas ainsi que le petit Marcel les entendait,
les sarcasmes de tous ces gens?

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