20 août 2007

BIENVENUE sur mon blloogggg!

"Entre nous soit dit" cette courte nouvelle sur le thème du masque a été écrite à l'occasion du concours de "Forum Femmes Méditérannée" 2007.
J'ai réuni des textes qui traitent du même sujet et je les ai articulés du plus simple au plus complexe, ce qui est simplement chronologique en fait!
Cette démarche m'a fait évoluer sur ce thème comme vous allez probablement le sentir...

Bonne leture!

18 août 2007

MON MASQUE

"Entre nous soit dit"


SOMMAIRE:
1 - EN SIROTANT LE CAFÉ
2 - UN EFFET DE MIROIR
3 - DES ECHANGES EPISTOLAIRES
4 - JOURNAL INTIME OU BAL MASQUÉ ?
5 - ENTRE HIER ET AUJOURD'HUI...



1 - EN SIROTANT LE CAFÉ
Il remonte le chemin qui conduit à la cité universitaire, le copain Max!
Le sentier serpente de la pinède vers le maquis, entre les arbousiers et les fleurs odorantes d'un printemps tiède. Caresses de l'air, éclosions dans les nids, chants des oiseaux et dans le coeur de Max, un grand bonheur... qui gonfle... comme une pulsion de vie en train de naître!
Max a l'impression de porter quelque chose de précieux qu'on lui aurait confié, rien que pour lui: une petite pulsion de vie qui est en train de grossir en lui avec une telle détermination!... Qu'allait-elle devenir? Déborder, exploser, se liquéfier? Que sais-je encore? Mais Max est trop heureux de vivre ce qu'il croit être... le bonheur!
Le printemps est ici plus merveilleux que jamais: oubliées les longues journées maussades de l'hiver, période d'études assidues! La moisson se fait à ce moment-là: toutes ces heures de cours suivis avec cette curiosité pleine de surprises: découvertes de mondes multiples que chaque enseignant s'applique à alimenter personnellement à l'aide de sa fougue intellectuelle!... Un bonheur comme ça, il l'espérait de plus en plus. Il savait obscurément que les livres de toutes les bibliographies proposées allaient en structurer la conception. En travaillant tout au long de l'hiver, il préparait son avenir!
Quelques demi-heures avant, Max avait siroté le café avec les autres, les copains habituels qui suivaient les mêmes cours que lui. En écoutant le prof, il les regardait eux aussi écouter les mêmes déclarations, les mêmes raisonnements, les mêmes affirmations. Il aimait voir comment leurs visages reflétaient ce qu'il entendait, comment ils incarnaient l'intelligence même des discours du prof. Ainsi, cette intelligence devenait commune, elle se partageait entre tous et contribuait à les relier dans un même cocon.
Celui-là qui remonte le chemin, c'est moi, Max!
C'était il y a bien longtemps déjà!

2 - UN EFFET DE MIROIR
La végétation semble aujourd'hui avoir gonflé à son tour à la limite de la démesure!... Sur le parking, les racines des pins parasol ont soulevé le macadam et les ramures forment un plafond compact. Le maquis m'enveloppe dans l'étonnement d'un frisson. Mes pas me portent comme dans un rève... J'ai soudain trente ans de moins, trente ans plus tard! Le temps s'étire dans une contraction annulant la stabilité du lieu où je remonte le même chemin. Ici, à droite de la cafétéria, je me retourne pour voir le petit pré triangulaire où le printemps avait fleuri. Il apparaît à travers le filtre de mes souvenirs émus, dans la réalité du rève éveillé: on apportait nos tasses de café et avec prudence, on les posait entre deux touffes d'herbe au milieu des fleurs... Nos discussions étaient douces, chaque parole était celle d'un ange qui passe! Ou bien, au coin du bâtiment, entre les deux escaliers, là où le soleil d'hiver nous dardait de tous ses feux, adossés au muret, les paroles étaient plus toniques. J'y avais procédé à de nombreuses séances de portraits photographiques. Les rires s'y étaient dessinés, la malice se lit encore dans les yeux, les chevelures jouaient de reflets multiples. Tous les jours, ces lieux attendaient notre complicité!
Le rève était-il déjà un rève? La réalité d'alors s'est-elle transformée en mythe? Comment le bonheur qui nous enveloppait a-t-il ensuite soutenu nos vies et comment les masques ainsi élaborés ont-ils abandonné nos visages?
A cette époque-là, dans ce cocon-là, nous étions peut-être déjà trop loin d'une réalité simple. De quelle réalité se serait-il agi si nous nous en étions rapprochés? Nos existences estudiantines étaient certes, des temps de vie privilégiés pendant lesquels il était possible de se déguiser pour un moment en elfe de légende ou en éphèbe de la mythologie ou encore en ange musicien... Mais tout cela ne nous faisait pas perdre de vue les scénarios masqués que la vie ne manquerait pas de nous préparer! Devenir un personnage de fiction, hors du temps et des contraintes du quotidien, faire de cette période le rève qui perdurerait dans l'imaginaire comme un âge d'or possible, c'était transformer ces moments en une représentation d'un idéal à vivre... Qu'en reste-t-il aujourd'hui, trente ans plus tard, de ces beaux visages que j'avais tant appréciés? Que sont devenus les sourires des amis et l'éclat adamantin de leurs regards? Sous le masque de la jeunesse, que se cache-t-il que j'aurais oublié de lire? Et moi-même, une fois le carnaval fini, ai-je vraiment tombé le masque?

3 - DES ECHANGES EPISTOLAIRES
Lorsque j'avais quinze ans, ma soeur aînée était décédée depuis quatre ans.
Les échanges épistolaires que j'avais eus ensuite avec ma cousine étaient plutôt passionnés de mon côté et protecteurs du sien. Le besoin fou que j'avais de communiquer trouvait là une ouverture admirable... Il y a des jours où tous les gens sont beaux, à travers ses lettres tous les gens étaient beaux tous les jours! Je ne sais plus qui arrêta d'écrire le premier, je peux supposer que c'est moi au moment où l'écriture de mes carnets intimes se fit pleine, c'est-à-dire quand cette écriture eut le pouvoir de se suffire à elle-même. Je me souviens cependant que ces lettres ne constituaient pas un but en soi. Je n'écrivais pas pour écrire, j'écrivais dans l'espoir de vivre un jour...Je savais qu'un jour, je vivrai avec des personnes que j'aimerai et que j'aimais déjà sans même les connaître!
C'est avec le docteur S que je racontais mes aventures cavalières. C'était venu tout naturellement! Ma mère avait dû lui faire part de ma nouvelle activité. Suite au deuil du frère, cet engoûment leur paraissait sans doute comme un beau signe de vie qui irait probablement masquer la morbidité de l'évènement!
Il a dû se passer qu'un beau jour, elle me proposa de commencer un échange épistolaire au sujet des expériences cavalières. Le docteur S avait été cavalier dans sa jeunesse et probablement un cavalier passionné. Le docteur prit donc le masque protecteur du correspondant fidèle. Ainsi, j'écrivais les déboires multiples et variés que le piéton seul ne peut imaginer. Le genre équidé devenait alors peu à peu le centre de mon existence. En dehors du travail scolaire sur lequel j'avais du mal à me concentrer, le genre « cheval » occupait ma vision comme un masque existentiel. Si j'acceptais de vivre dans le béton tous les jours, dans les étages d'un immeuble chaque matin et chaque soir, dans les carlingues métalliques des autobus et des voitures, parfois et toutes mes journées ou presque dans un immeuble plus ou moins haussmanien, c'était seulement pour préparer l'avenir! Dans la moindre touffe d'herbe et dans l'ombre pommelée des feuillus, j'entrevoyais des univers de chevaux en liberté galoppant dans des prairies toujours vertes... Dans mes échanges avec le docteur, j'avais déjà, et de loin, la précision d'analyse du futur éthologue que je décidais par la suite de devenir. Le masque professionnel que j'allai porter beaucoup plus tard se dessinait déjà entre les lignes. Le soutien du docteur construisait mon écriture semaine après semaine. C'est dans ces descriptions minutieuses que j'appris à construire les phrases pour me faire comprendre: quand il me répondait, je savais qu'il avait lui aussi vécu l'expérience décryptée par ma prose. Un jour, il ne répondit plus, le masque était bel et bien tombé, très loin de chez moi, là-bas où il m'avait fait naître, de l'autre côté de la Méditerranée..
N'ai-je pas ainsi passé ma vie à construire des rèves pour masquer la réalité? N'ai-je pas toujours et encore cette impression de volontairement faire glisser le réel dans une fiction fantasmée, tout juste bonne à étayer les soucis du quotidien?
Aujourd'hui les arbres de Judée en fleurs sont encore des arbres de Judée en fleurs à chaque printemps pour tout ceux qui les regardent. Aujourd'hui le masque s'est imprimé à l'envers, non point pour un avenir mythique mais pour regarder le passé redevenu présent!... Deux petits trous pour les yeux et le reste du visage prêt à entreprendre une nouvelle vie... De bonheur, je sais qu'il existe et pas seulement au printemps, de bonheur, je veux porter ce masque si éloquant, tout Max que je suis!

4 - JOURNAL INTIME OU BAL MASQUÉ ?
Aujourd'hui, vais-je poser le masque à l'envers ou à l'endroit sur la table à côté de moi?
Le soleil innonde la véranda. Je suis revenu au point de départ: le béton, l'étage des immeubles, les carlingues métalliques... Le masque est posé maintenant. Je me suis servi une tasse de café pour réveiller mon corps fatigué. Les pages du carnet racontent cette aventure... Chaque jour je viens là, à côté du masque que j'observe. Je passe de nombreuses heures à trouver les mots de cette histoire!... Un bal masqué peut-être!..
Non! Il n'y a pas eu de désastre ou plutôt si, mais ce n'est pas un “si” simple!
Les prairies ont effectivement trouvé les galops des chevaux et les printemps ont continué à se succéder mais pour dire vrai, là encore il s'agissait bien d'un masque! Même les animaux peuvent en porter... ou bien, disons qu'on est tout à fait capable de leur en faire porter un! Dans le carnet, j'ai découvert, au fil de l'écriture que les chevaux l'avaient et le portent encore pour moi! N'y a-t-il pas seulement deux jours, j'ai été réveillé par un message m'annonçant, très personnellement qu'une pouliche était née? Mon corps brisé n'a-t-il pas alors sauté de joie comme par le passé? Pendant ce court instant n'ai-je point fait tomber le masque de toute l'anxiété accumulée?
En décidant de revêtir l'habit du cavalier (et non l'habit du moine!), je choisissais ce masque de panaplie comme étant le plus propice pour compenser le reste de l'existence. La bonne affaire que voilà! Confiant le masque aux chevaux, je me permettais de croire que je n'en portais plus. C'était sans compter qu'un masque peut souvent en cacher beaucoup d'autres, tout comme les pelures d'un oignon se superposent en fines couches successives sur sa chair!
Dans le miroir installé devant moi, sur la table, que vois-je sinon encore un masque de chair et d'os qui me regarde?... Exactement regardé par d'autres que moi, avec une tasse de café qui peut avoir justement pour effet de faire tomber le masque! De masque en masque, à chaque printemps, recommencé-je ainsi à me remémorer le printemps précédent quand je portais le masque d'avant!

5 - ENTRE HIER ET AUJOURD'HUI...
Je remonte le chemin qui conduit à la cité universitaire. Dans la pinède, je retrouve le masque à travers lequel la petite pulsion avait grandi. Je la sens à nouveau me soulever du sol avec ce vieux masque soudain plaqué sur mon visage! Le parfum des arbres de Judée embaume mes narines, je ne me reconnais plus... Entre aujourd'hui et le passé, un grand blanc se rétracte brusquement: les deux périodes semblent vouloir se superposer! L'ajustage est difficile, ça dérape, l'air vibre dans mes oreilles... Dans un ultime effort, je m'enfonce enfin dans le passé avec volupté! Rien n'a changé mais tout semble différent pourtant!... Simple affaire de décor ou plus simplement de masque?...
Ce que tu es devenue aujourd'hui, petite pulsion dévorante, je le sais maintenant: rien de plus qu'un nouveau déguisement!... Combien de fois ai-je été dupe? Je ne reviendrai pas étudier ici pendant les longues journées maussades de l'hiver! L'avenir tant espéré est déjà passé, de bonheur on ne s'est pas contenté! On en a bu et à satiété, comme à une fontaine sans fond ou l'eau n'a cessé de couler. Il n'y a plus qu'une rangée d'arbres dans le pré. Ils n'ont pas poussé masqués mais il n'y a plus personne pour boire le café sur la prairie ensoleillée.
De toute façon, les profs ont tous changé, c'est moi entre autres qui les ai remplacés. D'un autre endroit je me suis posté, celui où j'allais aussi pouvoir aller dans le pré des chevaux qui ont galoppé. Mais aujourd'hui, je ne sais plus si le réel est encore à ma portée! Comment puis-je me comporter non masqué?...
Combien de fois depuis le faux-vrai désastre, ai-je senti peser sur mon épaule brisée, la pression infernale et quotidienne de la mendicité? Dans la rue, vers là où je suis parti habiter, ils marchaient par petits paquets, tranquilles malgré le vent gris. J'étais là moi aussi à marcher parmi eux, parmi nous... Nous étions accompagnés par les écrans- masques des façades des rues avec, chacun, son masque plus ou moins délabré... Le temps était venu de rendre des comptes: la fin de la pièce était arrivée et pour saluer, il faut enlever son masque! Nous n'étions pas tous prêts, loin s'en faut! Dans ce genre de pièce, souvent dramatique, il faut savoir improviser en se gardant des coups distribués à la volée...
Mais au fait, puisque vous êtes là aujourd'hui, si vous voulez, je peux vous présenter le nouveau masque que j'ai inventé pour adopter ma nouvelle personnalité. Créatif et inventeur, je me suis réinventé avec pleins d'autres qualités! Bien sûr, je n'ai pas fait ça tout seul, j'en ai trouvé d'autres qui avaient la même idée! En plus on s'est mis pleins de couleurs, on ne s'est pas gêné! Y'en a même qu'avait des plumes de poulets... Alors j'ai préféré m'en aller! On est certainement moins intelligents puisque des masques sont tombés mais on peut dire que celui-ci est plus léger à porter! Tant de pataquès pour s'assumer, est-ce vraiment nécessaire en effet? Mais, à l'heure qu'il est, de masque, assurément on ne peut pas se passer!

Extraits de “Lorsque Max raconte ses masques”
ou comment se déplacer masqué en bonne société...

écrit par Jacqueline Machard le 15 mai 2007.

"La principale cause du malheur de l'individu est la sottise
qui le pousse à placer son bonheur non dans ce qu'il est mais dans ce qu'il représente,
c'est-à-dire en définitive dans le cerveau d'autrui."
Georges Palante "L'individualisme aristocratique"

3 août 2007

Festival de la poésie... de LODEVE

"Entre nous soit dit"
Juillet 2007
L'EMERVEILLEMENT
D'UNE FESTIVALIERE A LODEVE !

TERRES ROUGES
HOMMES BLEUS, TOMBEAUX
OASIS
AMES VIVANTES SOLEILS INSOLANTS
OUGANDA LUEURS, LICKENS
BEGONIA COLERE DES CASCADES ESCARPEES
RAPIDES TORIDES
BASALTE MATE
FRAGILE FERTILE AFRIQUE, SOLEIL GEANT...

Promenade au marché...
Comment cette femme, éditée par un véritable éditeur peut-elle prétendre nous lire de telles banalités, des choses aussi évidentes, aussi convenues, aussi gnian-gnian!
Comment pourra-t-elle ensuite avoir raison, de surcroît, si elle souhaite se justifier, ce qu'elle ferait assurément, je suppose, dans sa parole propre!
Dire de telles fadaises au point qu'on dirait qu'elle les a faites écrire par des élèves de troisième à l'aide d'une méthode de repiquage de phrases "romantico-journalistiques"!
Mais en fait, c'est elle qui les a écrites et elle nous livre ses fantaisies avec toute la platitude nécessaire pour que ça ait l'air joli, comme une petite fille devenue grande mais qui, elle, ne me fera jamais pleurer...
Ecurie du "Grand souffle" entre art et vie...
Edition formée d'un collectif d'artistes.
Collection "les flueurs" au coeur de l'expérience de l'individu
Bataille. Ecriture à même la vie, science du cri, art du choc.
Débarquer dans le présent.
Cacher le monstre qui m'assaille
Il vit autour de ses trous. Rèves de monstres
Lune dans la vitre... L'homme posé sur le monde, là, comme lui-même jusqu'à l'os...
Et l'autre qui se montre, qui ne voit que les regards qui la regardent... Qui en pleurerait, qui est blessée au fond d'elle-même et qui ne l'écrit pas!
Elle écrit autre chose, l'air de rien, encore pour faire joli!

29 juillet 2007 - 10 heures
Higelin
Rentrer dans le jeu, ouvrir son âme. Pas se poser de questions!
Richesse des différentes cultures
Se mettre en état d'enfance, les laisser libres. Curiosité en résonnance au moindre signal.
Ça chie dans c'monde-là! Mais il y a Handsandsouki, Martin Luther King quand il parle. Dans le dernier écrit de Garcia Lorca, un splendide hymne à la vie!... Poésie pour être au milieu des gens, pour nourrir, pas de la poésie de salon!... J'prendrai la route mais j'en laisserai pour ceux qui ont envie de venir! La rencontre fait vivre les chansons qui prennent une autre dimension... Quelle est la façon dont on pratique dans la vie? En maternelle, c'est l'art comme il vient, les créateurs retrouvent l'enfance à chaque fois. Naîf, simple, émerveillé. Meilleure ouverture, + humour.
Par exemple, il s'est retrouvé avec sa mère toute nue et froide dans ses bras... Morte. Il a ressenti une grande tendresse...

La pesenteur des ombres.
Nous chanterons l'eau dans l'ombre du désert... Daniel Leduc, "le livre des nomades".
Les guillères dit du Lully sont des fleurs qui chantent, elles ont été transformées en Manouches... dit la légende!
La terre est là, loin de moi. Ton corps prend la forme du lendemain. Tu es l'écume des frontières du prochain retour.

Alors, Sapho est arrivéééée...
en chair et en os: la poésie c'est une langue dans la langue... Incongruité "RAVISSANTE"! Langue organique? Aller en avant de lui-même, dans un vertige... c'est le poète... Le texte de la chanson peut être orphelin de sa musique... La voix est un corps, constructurel de la chanson, de ce qui se dit... Performance... RAVISSANT!... Traduire des moments de création. Vies-monde... Il s'agit de faire ce qu'on a à faire. Je ne peux pas m'en empêcher, quelqu'un qui écrit a besoin de donner, aller aux autres en direction du monde, voyage, traversée... Ça traverse les barrières jusqu'à l'universel....
On n'est pas une maison, on est un livre... Fatima, elle a cinquante ans, sa maman est partie, elle est comme une petite fille... Passage à tamis jusqu'à l'ascèse du mot... Sapho ou "l'éteignure"! "Quand on tient son truc" dit-elle... Henri Michaux m'a dit... Phrase rassurante, paternante, professionnalisante pour la jeune Sapho, peureuse qui se fait materner par les Fatimas de Lodève!

Dans le cloître de la cathédrale,
lecture aux chandelles.
Un poète syrien... parle "d'avant l'aspirine": PENSE à la douleur avant qu'elle ne devienne idée... La douleur est la matière, elle est la mémoire des éléments. J'écris avec la matière sèche... Une voix lunaire. Un verre de citronade...
Et tous ces gens qui font les gentils entre eux et les indifférents avec ceux qu'ils ne connaissent pas... Les p'tites dames avec leurs petites toilettes décontractées, leurs petites opinions bien rangées, bien satisfaites, bien consensuelles. Et chacun de son histoire, comme si elle était extraordinaire pour le monde entier, comme si elle ressemblait à un miracle, à un phénomène exceptionnel, à du merveilleux!
Entre moi et mon corps, il y a une partie qui ne fonctionne plus. Je la paralyse aux trois-quarts pour éviter qu'elle fasse mal. J'essaye de croire qu'il ne s'agit que de sensations... C'est vrai que ça peut disparaître mais force est de constater que ça fait souvent mal, réellement!
Il n'y a jammais eu de pitié en art. J'ai peur, dit-il... Je ferme les yeux quand il parle l'italien, l'arabe ou le tchèque... Je vois d'autres paysages! Je rouvre les yeux de temps en temps comme pour vérifier moi-même que je ne dors pas. La comédienne lit le texte pour la première fois. Elle donne l'impression de vouloir pleurer. Elle y met toujours le même débit, la même façon d'épeler les mots, la même façon de traîner sur les voyelles, la même façon de finir les phrases. Ça donne l'impression qu'elle veut faire porter le malheur de l'humanité! On dirait aussi, si on en croyait le premier ressenti, que, vu l'immensité de la tâche, elle est condamnée à la désespérance!
L'autre est né à Tyr... Il lui parle comme à une femme... Des visages comme des semelles... Tes rèves se putréfient. Tu es Tyr, si triste charogne... Le temps nous laisse colonne et marbre, tu ne mourras pas, Mer...

Les gens tombent sur les sièges avec le grand poids de leurs chaires, sièges trop bas où ils s'enfoncent dans un silence parfait. Leurs corps s'étalent alors comme des choses qu'on aurait abandonnées un temps... L'histoire se passe soudain ailleurs, dans une sphère parallèle, par une grâce étonnante! Ils tentent de se sentir bien, de prendre leur temps, de se passionner, de devenir savants et peut-être sages... Sont-ils gentils ou stupides?
Celui-là qui est né à Tyr, me parle-t-il vraiment? Est-il poète comme un poète français? Lui et les autres ont l'air de personnages sérieux, des savants sans doute!
Il y a toujours une femme avec un homme et c'est là qu'on peut les situer... L'homme entre seul et s'installe. Il a une prestance presque majestueuse, je vois un prince ou un érudit. Je vois des histoires riches de toute l'expérience de ses cheveux blancs. Lorsque la femme arrive, on tombe dans le grotesque! On voit sur son visage toutes les bêtises qu'elle a eu à démêler autour d'elle, toute l'abnégation dont elle a fait preuve, toute son usure... Lui, n'est plus qu'un enfant devant sa mère, sa compagne d'infortune, la lune de chaque jour, toute la vie, il n'y a jamais de bonheur parfait! Elle devient la garante, dès que le moindre relâchement se manifeste, elle rouvre ses blessures... L'homme qui a travaillé travaille encore, il travaillera toute sa vie!

Roger Bernard était l'ami de Char,
fusillé entrain de courir sur l'ordre des soldats allemands...
L'éternuement de la queue de la mésange. Squelette triste. Tout meurt de respirer... L'éternelle joie vivante de mourir. Seule la présence n'est pas indispensable au suicide...
Le rhum du pollen ennivre le lotus, le sein lyrique du chaos...
Femmes sont rebelles quand il le faut, obsession poétique de la mort...
Des guirlandes de scorpions autour du cou! Je suis toujours autre chose que ce dont j'ai l'air...
La nuit plus haute que le ciel. Tu paricipes au chant tragique de l'oubli.
Une étoile tombe à la verticale. On n'embrasse que le vent!
La mémoire des oliviers, les hirondelles du temps.
Je projette le temps, je ne veux pas mourir de silence... L'eau noire du vertige!

Jean-Pierre Siméon, créateur du printemps des poètes,
favori de Claudette, éclaire la cécité!
Lettre à la femme aimée au sujet de la mort.
Nous n'avons qu'un ciel. Descendre au secret. De quoi va mourir un paysage? La rivière continue avec toi. Cette chemise d'eau après la nage. Le soir endort ton visage. Tombe le bruit des gestes. Tu es à toi-même ton enfant. L'oubli est la première rive de la mort... Un monde chuchotte derrière chaque porte. Le coeur est la troisième oreille, celle de l'enfance. Tu entends derrière la porte, tes propres pas perdus. Tes larmes sont la sève des souvenirs... Coeur sous le tranchant des jours. C'est du dedans qu'il faut tenir la paix... Expliquer, c'est faire souffrir l'âme d'une deuxième absence... Semblablement réels et ardents dans le vide, au centre d'une soif. Ce jour dans le jour. Un autre temps dans le temps. L'absence chargée aux bras de la mémoire. Au prix de la joie des yeux.... Soupçon d'avoir posé pour rien, les mains sur le monde. Seul face à l'énigme s'allégeant dans l'amour, échange dans l'aspiration, le sens inexprimé des choses. Crachats de la misère dans nos yeux. Lumière sans usure, éternités moqueuses. Etoiles fuyantes dans l'âme... Mort immense, demi-voix devant la tombe, emporte l'inconsolée. Fatigue dormante, rien n'est saisissable, tout par défaut. Patience qui nous tient prêt au bord du gouffre et de la joie. Jeter des cris sur le ciel bleu comme des pierres... Parler doucement à ton enfance. Ta voix boit le silence. Veille parfaite dans la mémoire où ton enfance aimée te prend dans ses bras... Ecoute cette voix qui chante dans le néant... Phrase de lumière posée dans l'instant.

Le poète dit... Nous savons la cruauté,
le lait innépuisable des songes,
la langue des rues,
la secousse des temps...
Une éternité me manque, la maison est vaine, nous sommes sans repos... Notre coeur tombe, nous inventons la mort.... Te faire sourire, commençons tout de suite! La caresse est l'eau qui nous lave... Faire naître un soleil entre tes lèvres... La consomption de la dernière étoile.
Tes morts ne sont qu'à toi, tu es née dans la douceur de tes morts, tes morts rèvent à ton côté, tu es ce qu'ils ignoraient d'eux-mêmes... Jamais plus... Magies molles de la réalité. Le regard envahi mais libre du matin. Un amour comme une joie d'enfance... La caresse d'une rive et tout se recompose, feu dormant, joie ouverte, bonté de l'éclair... Etre le cri sans le cri. Ce coeur qui n'est pas un muscle. Un soleil au centre de toutes choses. S'agenouiller autrement qu'en soi-même...
Donner
la
réponse
du
vivant!

Diagonale France-Tunisie
Connivence absolue entre les poètes
Moucef Ghachem "polyglaute". Maklazoum, jakanoun.
Mohammed Ghozzi demeure troglodyte tintamare...
Nuits mal mâchées, sol spolié de mon histoire, raphale de la douleur. Yeux en ruine, rire-culbute... Les errances qu'on m'inflige, complainte creuse de l'orphelin. Chiourme de la haine. Les rougeoiments de caravanes m'ouvrent les veines... Dans le silence abyssal, le vent a rassemblé ses forces dans les nuages. Noyau de mer nocturne... Forêt-léopard!

Edith Azam... Pupille observe les trous.
Peur, bestiole, le fou...
Ça claque, fouette, craquer ses dents, déconstruit, parti loin, manque d'air.
Langage cloué...
C'est donné à tous de rêver, de fermer les yeux et d'aller ailleurs.
D'un ciel à l'autre comme Adam qui a appris la poésie.
Le dictionnaire tombe les mots, les palmiers sont les éventails du désert, la poésie, les ailes de la langue, l'oreiller le sac de nos rêves, la prose est l'hiver de la langue.
Daramia...

Julien Blaine, nous.
Faire sortir les poèmes du livre à corps et à cris... Poèmes de sonorités. Réalité de l'Afrique avec les grios, le sacre du printemps de Stravinsky... Réactiver... le passé!
Phéniciens, sunnites, Carthagénois... Nous n'aimons pas la guerre!... Les poètes de la Beat Generation et les poètes Abassydes mènent un combat poétique... Pacifier, pas s'y fier!

Duo
en langue originelle avec Edith Azam.
CV: je suis une illusion née en 1973... Lettres modernes et sciences de l'enseignement...
Au pays de Candide, fulgurance de voix, ligne faite au couteau.
Jour à l'affût, en attente, les mains qui tremblent...
Tom brûlé...
Electrique sous la peau.
Dans ses yeux, lignes de fuite...
Tom tout seul en bouillie.
Roulé en boule
ça cuit
animal
sauvage.
Chercher une idée d'une idée.
Tout homme attend qu'une idée le trouve.
Cliquetis face à face avec tisane
Main de verre cassé.
La voix le décroqueville.
A terre, Tom, ligne juste. Tom démoléculé, follifolle.
Un air de musique bête, musiquer.
La blouse secoue Tom.
Fracture espace-temps, panique.
La tisane nous parle pour tisanner.
Quel univers de tisane.
L'univers se déploit, se déplie.
Tom faire lit pour que dorme traversin.
Tout homme.
Tout Tom entier...

Serge Henri Robin, Malgache.
Auteur déferlant, sorcier? Les esprits nous véhiculent. La sorcellerie du palpable.
Comment nous narrons le dire... Chant qui vagabonde...
Pupille s'effondre entre ses os.
Violence contenue, indécente.
Une respiration qui lui clot le langage!

Les Occitants.
Oc zénital.
Goût étincelant. Ataquín!
A toujours chercher les chemins qui...
A toujours marcher sur...
On sent bien que...
L'incision de nos pensées
La forme bleue de ton corps
Ta vivante mort.
La maturazione de la luz
Traversée

Le voyage de ma parole, sédiments de l'enfance, réseau des espérances, le coeur du monde pour attraper son innaudible battement... Raï Sunca!
Boulégaï, sourir della carra, Sidarta. L'appel des sécheresses, fouiller dans les buissons. Le monde s'écroule dans cette bouche ouverte.
Une fumée se dissoud portée par sa parole, son unicité et eux, nous, les autres. En regard, en oreilles, en face. Moi aussi. Ça te remplit de joie, de liberté, de bien-être...
Où est, sont le, les forum(s) où chacun vient pour écouter, parler... Que fait l'école?
Niafassun kahoura zou bou
Roubama
Rati i ouna
Des plumes sans corps, des volumes sans paroles, kalam.
Le reflet des rayons du soleil dure dans un bassin d'eau. Les branches de la félicité. Yabka!
Je vois ce qui ne ressemble à aucun autre lointain...

(La Chamelle, cuisine orientale.)

Bien affectueusement à tous les poètes du 10ème festival des voix de la Méditérannée, ce recueil de propos épars entendus tout au long de cette semaine
empreinte de la "grâce" si particulière qui accompagne la poésie,

Jacqueline Machard
jmachard@wanadoo.fr