L'ENERGIE DES MEMOIRES
Je me souviens de... Je me souviens d'un souvenir qui me renvoit à un autre souvenir et lui-même à un autre encore... La chaîne de ces souvenirs s'est formée d'elle-même de fil en aiguille jusqu'au plus loin possible... Le souvenir de cette souffrance, que ma mère... avait (subi) vécu en me portant!... J'en étais sûre: une chutte de vélo!... Je descendais la Corniche en vélo... Longtemps pédalé! Je voyais cette roue tourner si vite qu'elle en était lisse et le vent qui siffle... Rien en vue, le désert; juste le macadam et le bord du trottoir, et même, une seule voiture... si loin... Que je me suis explosée dessus!... Non loin, une photo prise au bord de la plage, un jour maussade d'hiver... Le frère toujours en short et la petite soeur en duffelcoat. L'instant n'est resté présent qu'ainsi. Rien avant, ni après... D'autres photos, faux souvenirs de vrais moments... Le furoncle et l'histoire du furoncle et celle de l'aiguille entrée dans le doigt de sa fille. Un doigt au noir qui s'est réduit à un point d'où est sorti une tige de métal: l'aiguille de la machine à coudre! Cette même machine à coudre qui s'est bloquée vingt fois et que je n'ai jamais su faire marcher! Bien sûr, question de fonction!... Celle de la mère était verte, vert militaire, celle à tricoter aussi et quand elle était sur la table, on n'en menait pas large!... Et ensuite, les pannes de voiture sur les routes d'autant infinies que ça tombait toujours un dimanche et que le garage à côté n'ouvrait que le lendemain.
La nuit tombée, frissonnante, sombre... Dormir "vite" pour ne rien entendre... Seulement de temps à autre, un cri d'animal, un craquement de branche ou le passage d'un poids lourd... Classique et à nouveau le silence... Celui d'un étang au fond d'une forêt, il arrivait à nous rentrer et à bourdonner dans nos têtes-mêmes. En repartant, on criait à tue-tête!...
Un jour de pluie, deux jours de pluie, tous les jours de pluie sans désarmer... Les gouttes tout le temps. On avait l'impression de vivre depuis toujours dans cette humidité verte qui sentait le champignon... Quel confort inconfortable, si agréable dans une pièce de théatre ou un film... Bien assis, dans le fauteuil bien aligné de velour, tu vois les orages déferler à travers les ravins dénudés. Le tonnerre te fait sursauter! Tu avais oublié ton corps! Tu sens même le poignard rentrer dans ta peau, ça te brûle!... Tu sors du cinéma, hagard. Les autres n'en mènent pas large non plus! Autour de toi, la ville est identique à elle-même mais tu crois voir un film! Tu ne peux pas réintégrer ton corps, quelque chose a changé. Tu te sens sur un nuage, tu trouves ça bizarre mais tu aimes bien... Normal, tu as payé pour ça!
Je me souviens de... Je me souviens d'un souvenir qui me renvoit à un autre souvenir et lui-même à un autre encore... La chaîne de ces souvenirs s'est formée d'elle-même de fil en aiguille jusqu'au plus loin possible... Le souvenir de cette souffrance, que ma mère... avait (subi) vécu en me portant!... J'en étais sûre: une chutte de vélo!... Je descendais la Corniche en vélo... Longtemps pédalé! Je voyais cette roue tourner si vite qu'elle en était lisse et le vent qui siffle... Rien en vue, le désert; juste le macadam et le bord du trottoir, et même, une seule voiture... si loin... Que je me suis explosée dessus!... Non loin, une photo prise au bord de la plage, un jour maussade d'hiver... Le frère toujours en short et la petite soeur en duffelcoat. L'instant n'est resté présent qu'ainsi. Rien avant, ni après... D'autres photos, faux souvenirs de vrais moments... Le furoncle et l'histoire du furoncle et celle de l'aiguille entrée dans le doigt de sa fille. Un doigt au noir qui s'est réduit à un point d'où est sorti une tige de métal: l'aiguille de la machine à coudre! Cette même machine à coudre qui s'est bloquée vingt fois et que je n'ai jamais su faire marcher! Bien sûr, question de fonction!... Celle de la mère était verte, vert militaire, celle à tricoter aussi et quand elle était sur la table, on n'en menait pas large!... Et ensuite, les pannes de voiture sur les routes d'autant infinies que ça tombait toujours un dimanche et que le garage à côté n'ouvrait que le lendemain.
La nuit tombée, frissonnante, sombre... Dormir "vite" pour ne rien entendre... Seulement de temps à autre, un cri d'animal, un craquement de branche ou le passage d'un poids lourd... Classique et à nouveau le silence... Celui d'un étang au fond d'une forêt, il arrivait à nous rentrer et à bourdonner dans nos têtes-mêmes. En repartant, on criait à tue-tête!...
Un jour de pluie, deux jours de pluie, tous les jours de pluie sans désarmer... Les gouttes tout le temps. On avait l'impression de vivre depuis toujours dans cette humidité verte qui sentait le champignon... Quel confort inconfortable, si agréable dans une pièce de théatre ou un film... Bien assis, dans le fauteuil bien aligné de velour, tu vois les orages déferler à travers les ravins dénudés. Le tonnerre te fait sursauter! Tu avais oublié ton corps! Tu sens même le poignard rentrer dans ta peau, ça te brûle!... Tu sors du cinéma, hagard. Les autres n'en mènent pas large non plus! Autour de toi, la ville est identique à elle-même mais tu crois voir un film! Tu ne peux pas réintégrer ton corps, quelque chose a changé. Tu te sens sur un nuage, tu trouves ça bizarre mais tu aimes bien... Normal, tu as payé pour ça!
1 commentaire:
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