21 décembre 2007

JE ME SOUVIENS...

JE ME SOUVIENS...
D'après les "Je me souviens" de Perec... bien sûr!

Vous complétez vous-même les phrases!

Il s'agit de nommer des souvenirs personnels, c'est-à-dire de mettre des mots dessus,
dans ce qu'il y a de plus immédiat sans chercher à faire une narration.


Je me souviens d'une expression du langage parlé...
Je me souviens d'une contine...
Je me souviens d'une question...
Je me souviens de quelque chose à manger...
Je me souviens d'une ambition...
Je me souviens d'une tentative...
Je me souviens d'une période précise
Je me souviens d'un slogan de pub...
Je me souviens ddu nom d'un animal que j'ai cotoyé...
Je me souviens du titre d'un des premiers livres que j'ai lu...
Je me souviens du nom d'un personnage de légende...
Je me souviens du nom d'un journal qui n'existe plus...
Je me souviens du nom d'un évènement historique de mon époque...
Je me souviens du nom d'une maladie dont on ne parle plus...
Je me souviens d'un bruit qui ne s'entend plus aujourd'hui...
Je me souviens d'un évènement inhabituel survenu à l'école...
Je me souviens d'un jeu auquel les enfants d'aujourd'hui ne jouent pas...
Je me souviens d'une friandise que j'aimais...
Je me souviens pour qui j'ai voté la première fois...
Je me souviens d'une ancienne habitude...
Je me souviens d'une manipulation mécanique...
Je me souviens d'une machine à mettre en marche...
Je me souviens d'un métier qui n'existe plus...
Je me souviens d'une anecdote qui m'a fait prendre conscience de la valeur de l'argent...
Je me souviens d'un personnage de roman...
Je me souviens de la voiture de mon grand-père...
Je me souviens d'une mode enfantine...
Je me souviens d'un évènement qui m'a fait progresser à l'école...
Je me souviens d'une situation d'adulte dans laquelle il y a eu méprise en raison de mon jeune âge...
Je me souviens d'une situation familiale nouvelle pour moi seul...
Je me souviens du nom d'un vêtement que j'ai porté...
Je me souviens d'une anecdote survenue en voyage...
De quoi vous souvenez-vous après avoir énnoncé certains souvenirs?...
Je me souviens de la biographie succinte d'un personne connue...
De quoi avez-vous envie de vous souvenir maintenant?...
Comment avez-vous fait pour vous souvenir de tout ça?...
Que s'est-il passé entre le premier "Je me souviens" et le dernier?...
Souhaitez-vous partager ces souvenirs avec d'autres personnes?...


Attention! Restez bref!

3ème épisode: NE RIEN OUBLIER !

L'écriture est peut-être la seule production dont elle ait réellement besoin et finalement elle peut s'étendre jusqu'au domaine plastique. Elle se disait que sa production plastique pouvait s'éteindre totalement sans lui procurer le moindre manque. Mais finalement, elle se place sur un mode identique, elle conforte une certaine orientation que son passage aux Beaux-arts lui avait sommé de trouver.
Juin, déjà! Depuis six mois, ils s'étaient installés dans cette maison. De ce prochain été ici, elle ne voulait rien oublier. Elle avait comme l'impression qu'il s'agissait de la plus belle période de sa vie sur terre. Ici était réunie la majeure partie de ce qu'elle avait pensé nécessaire à son bonheur. Elle se disait soudain que ce serait sans doute la seule fois qu'autant de choses seraient regroupées ensemble à sa disposition! Mais il s'agissait d'abord de le vivre! Parce qu'à force de le rêver il se pouvait fort bien qu'elle soit devenue incapable de le vivre. Ceci constituait un raisonnement prudent qui s'avèrerait exagéré. Elle pensait d'abord au froid des campagnes, le confort de la maison su y pallier. Elle pensait aussi à la solitude, à l'isolement mais de cela aussi elle s'accomoda fort bien et s'y complu même. Elle n'avait plus envie d'écouter les gens passivement. Dans cette France profonde, les gens vivaient trop sur eux-mêmes, elle n'avait plus envie d'aller les chercher. Ceux qui lui ressemblaient étaient trop tournés vers la bouteille! Ne restait plus que ceux qui avaient aussi des enfants en bas âge. Quelque soit les relations, elle n'y retrouvait jamais le même intérêt que dans sa vie d'étudiante. Elle ne savait pas trop si c'était à cause du lieu, de l'âge, de l'activité ou autre chose encore. Elle avait donc pris la ferme décision que les relations qu'elle pourrait avoir n'avaient aucune importance. D'ailleurs ils formaient une famille et en famille on n'est jamais seul! Ce qui n'est pas toujours sans inconvénient! Mais cela était autre chose... Elle se disait qu'avec elle-même, elle avait bien assez de choses à faire.

9 décembre 2007

2ème épisode: ECRIRE QUOI ?

Ecrire était aussi chez elle une sorte de thérapie, son psychanaliste de luxe, un confident sans corps et sans âme. Elle se souvenait de ces quatre gros cahiers - ni plus ni moins gros que celui qu'elle tient dans ses mains - ces cahiers qu'elle avait remplis entre ses onze et vingt ans... Refuges de ses joies et de ses peines d'adolescente, dont le contenu lui est si intime qu'il lui est littéralement impossible de les relire sans se sentir dans des états mentaux insuportables! Mais maintenant elle n'a plus ni joie ni peine à raconter seulement les choses les plus simples qui sont dans sa tête.
Par exemple, cet après-midi, elle se sent fatiguée mais pourtant elle se sent bien. Elle ne fait rien de spécial, elle s'allonge un peu partout dans cette maison pour lire tranquilement ou écrire. Par exemple, de temps en temps elle apperçoit par la fenêtre les chevaux qui déambulent inlassablement dans leur pâture. Par exemple, la température qui est si douce depuis un mois qu'elle se sent bien le plus souvent.
Elle prenait la voiture pour aller acheter le cahier avec l'intention d'en noircir les pages. Elle se disait qu'elle ne l'écrirait que pour elle-même, sans autre témoin qu'elle-même. Elle pourrait donc y mettre tout ce qu'elle voulait y retrouver plus tard, quand cette époque sera révolue, que les temps auront changés.
Ecrire par exemple les queues des chevaux qui fouiaillent sans cesse autour de leurs cuisses... Ce genre d'image qui lui font instantanément ramener corps et âme dans un passé proche ou lointain. Comment écrire, par exemple, pour se remettre dans cette tiédeur, dans cet environnement de verdure, cette approche du temps vacant?... Lorsque le plein temps scolaire aura repris, dans les six longs mois sans débander des rigueurs de l'hiver, de celles qui nous plongent chaque année progressivement dans des états d'énervement insuportables!... Et puis il y a les lettres de correspondance qu'elle ne sait subitement plus faire! Elle ne sait plus y mettre ce contenu poétique qui faisait de sa vie une mine de beaux moments bien qu'entrecoupés de longues heures passées morfondue au fond de son terrier... Brusquement, elle ne peut plus raconter les fleurs, les oiseaux, les grands arbres qui lui sont quotidiens, peut-être parce qu'elle les voit tous les jours et qu'elle ne se donne plus le droit d'en parler. Il n'y a aucun raisonnement qui puisse expliquer cela. Elle ne peut plus en parler, c'est évident, mais elle ne peut absolument pas dire pourquoi. Ici, dans le cahier qu'elle vient d'acheter, le pourra-t-elle à nouveau?
Cela lui semble maintenant sans importance. Elle a l'impression qu'il lui suffit de les respirer, que cette jouissance n'a pas besoin d'autre chose. Alors pourquoi insister?... Cela lui rappèle les lettres merveilleuses échangées avec le P'tit Lu... Fallait vraiment vivre entre quatre murs pour écrire des choses pareilles! Pourtant c'était beau et plein de qualités... Etrange tournant de la vie!

1er épisode: ECRIRE !

Un bonheur de mère
Un beau jour de juin elle redécida à écrire, ce jour-là, sentant les vacances, les jours vacants arriver. Sans autre grand espoir que de se retrouver elle-même... Elle ressentait le besoin de préparer un temps soit peu cette rencontre. Reprendre ce moyen qui lui était déjà ancien, celui de l'écriture quotidienne.
Elle lisait souvent. Elle suivait des livres lentement un peu chaque jour,qui devenaient différents selon le lieu où elle les lisait. Peu à peu, elle se sentait un peu frustrée de toujours se préoccuper de l'existence de personnages qu'elle ne verrait jamais, qu'elle n'aurait d'ailleurs jamais envie de connaître. Elle sentait que tous ces mots qu'elle lisait auraient pu être employés en fait à se dire, elle, à se raconter à son tour et qu'alors, son vécu ne se perdrait plus sans cesse dans les méandres de l'oubli. Car elle sentait tout ce temps qui commençait déjà à lui échapper, ces jours dont elle ne voulait pas pourtant chercher à se souvenir méthodiquement. Elle savait qu'il suffisait de quelques lignes par jour pour se retrouver. Elle savait que cela suffisait pour retrouver le personnage qu'elle était celui que chaque jour elle cherchait à retrouver, à rencontrer, à redéfinir. Dans chacun de ces moments, la difficulté en était si grande que les larmes lui montaient aux yeux immanquablement...
Alors elle prenait la voiture.
Depuis quelques jours, quelque chose se passait en elle, une sorte de besoin de se dire... Une prise de conscience? Et puis il n'y avait personne à qui se dire... Finalement, ce qu'elle avait à dire n'était que du radotage de grand-mère - comme beaucoup de romans d'ailleurs.. Sauf que... - et ce radotage-là, elle n'avait qu'à faire comme les autres, l'ECRIRE!

4 décembre 2007

QUELQUES HAIKUS ...

HAIKUS
Reflet dans le miroir
quel est ce visage?
l'oiseau picore

Un détail
un état
un mouvement

A la naissance de l'ongle
douce et jaune vibre la touffe
piquante des graines de l'arbre

Petit bar de St Giniez
matin gris et tiède
le souci du travail

La chaleur de la peau
la peau des autres
désir de l'écrire

Lampadaire de nuit
grand pin ventilé
tourne la planete

La branche frissone
crisse le grillon
discours du vent

Bourdonnement d'un avion
aboiement du chien
larmes de chagrin

Parfum de menthe
le moustique bzzzz
fini le rêve!

Souffle discontinu
rêve d'air chaud
nocturne

Casserole brûlée
cerises trop mûres
croassements hocquetés

Aiguille sèche
y eut-il un chamois
resterait ébouriffé

Frémissement des chairs
proximité des corps
conduction calorifaire